Bertrand est installé avec son frère et son père dans la petite commune de Lesse dans le GAEC des cèdres. Il exploite 540 hectares, dont 400 hectares en céréales et maïs et 140 hectares d’herbes. A la tête d’un troupeau de 130 vaches allaitantes de race charolaise, il a dépassé son handicap pour continuer à exercer son métier d’agriculteur. Portrait d’un homme déterminé.

 

 

Un agriculteur résilient

Il commence ses journées par la surveillance de ses animaux notamment en période de vêlage. Il gère également l’alimentation de ses bêtes. Avec son frère Benoît, il s’occupe de 400 hectares en céréales. Il ne compte pas ses heures. Son travail est celui d’un agriculteur comme tous les autres.
A un détail près, Bertrand est en situation de handicap. Après un grave accident au début des années 2000, il perd une jambe. Mais pour lui, le handicap ne l’a jamais empêché de travailler ou de vivre.
« Quand j’ai eu cet accident de voiture en 2004, on m’a dit, voilà, si vous voulez continuer à vivre tranquillement, il va falloir faire le deuil de ça, donc je l’ai fait. Je ne pense pas à ça tous les jours. Je n’y pense jamais. Et en fait, je ne me sens pas plus handicapé que n’importe qui ».
Bertrand est un battant. Malgré des moments difficiles, il n’a jamais baissé les bras.
« C’est sûr qu’il y a des choses que je n’arrive plus à faire. Il me manque la jambe gauche. Donc, je suis équipé d’une prothèse. Courir après les vêlages, ce n’est pas évident. C’est plutôt mon frère et mon père qui s’en occupent. Après pour le reste, on essaie d’être autonome ».  

 

 

Le regard des autres

Décidé, Bertrand avance malgré les nombreux obstacles qu’il peut rencontrer sur sa route. Entouré de ses proches, il poursuit ses efforts au sein de l’exploitation familiale.
« Le regard des autres, cela ne m’intéresse pas plus que cela. Ce qui se passe, c’est que je ne travaille pas tout seul. Il y a toujours quelqu’un pour m’épauler, si je n’arrive pas à faire. Moi, j’ai tout simplement mis ça au fond de ma poche, et je n’y pense pas et c’est tout. Pourtant, la première chose que je fais le matin, c’est d’enfiler ma prothèse ».
Son plus beau souvenir d’agriculteur ces dernières années, c’est lorsqu’il a repris le volant de son tracteur après son accident. Quand il évoque ce moment si particulier, on sent l’émotion dans sa voix. Son parcours, son vécu et sa force de caractère, sont une inspiration pour tous. Et Bertrand est bien décidé à réaliser de nombreux projets à l’avenir.
« Dans 10 ans, j’espère toujours être dans le métier. Mon épouse veut faire une ferme pédagogique, on va travailler sur la question ».
En définitive, Bertrand prouve si c’était nécessaire, qu’il n’y a pas d’un côté des agriculteurs et de l’autre des agriculteurs en situation de handicap, il y a surtout des hommes animés par la même passion, celle de la terre.